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Episode 7 : Un weekend tranquille

Samedi matin, en revenant de la soirée, je m'endormis rapidement. Puis vers 14h, j'entendis frapper à la porte de ma chambre.

- Daïna, lève-toi, ton père veut te parler. Ne le fais pas attendre, il a l'air un peu énervé.

Enervé ? Ah.. Génial..
- Je me lève c'est bon.

- Quoiqu'il arrive, essaie de calmer le jeu, ajouta-t-elle.

Dans le jardin, il était en train de préparer des hamburgers.

Je sens que ça va chier dans l'ventilo..

Je descendis les escaliers et m'avançai vers lui. Il posa le plateau de burgers et se retourna.
- T'as passé une bonne soirée ? demanda-t-il sèchement.

- C'est une vraie question ?

- T'as dû passer une excellente soirée pour oublier de nous prévenir que tu rentrerais au petit matin !
- Je suis désolée, je pensais pas que vous vous inquiéteriez. 
- Bah voyons !
- J'ai pas vu les heures passer.
- Où tu étais ?
- Au Vovix.
- Avec qui ?
- Aïko et Enza.
- Et ?
- Quelques amis.

- Celui qui se trouvait devant chez nous ce matin, à moins que je fasse erreur, c'était ni Aïko, ni Enza !
- Non, c'est vrai.
- Je veux son nom, son âge et sa profession !
- Quoi ?! 

- Commence pas à t'imaginer quoique ce soit, c'était le nouveau directeur de mon lycée !
- Et depuis quand les directeurs fréquentent leurs élèves ?!
- Il ne me fréquente pas ! Je l'ai croisé au café, il a vu que j'étais épuisée et il m'a proposé de me raccompagner pour pas que je finisse la route à pieds !
- Fabuleux !

- C'est censé être quelqu'un de responsable, il a plutôt intérêt à rester à sa place, ou bien je l'y remettrai moi-même. 

- Quant à toi, les soirées jusqu'à l'aurore, tu peux oublier ! T'as compris ?

- Oui, répondis-je en serrant les dents.

- Répète.
- J'ai compris.

- Parfait.
Il s'en alla aussitôt.

J'attrapai mon téléphone et donnai rendez-vous aux bras cassés et compagnie.

On se retrouva aux falaises, un lieu un peu spécial, peu fréquenté et très agréable en ces jours de grandes chaleurs.
J'avais besoin de prendre l'air, de m'éloigner de chez moi avant que ça ne dégénère. Je comprenais mon père mais est-ce qu'il me comprenait ? J'en doutais. J'étais jeune et j'avais besoin de m'amuser, jamais je ne me montrais imprudente et irresponsable, je n'avais jamais donné à mes parents la moindre raison de s'inquiéter ou de douter de moi. Un dérapage ça arrive, mais mon père ne tolérait aucune erreur, beaucoup trop sévère à mon goût, et c'était de la folie de penser à aller à l'encontre de ses propos.

Aïko décida de faire son intéressant, pour se montrer et nous faire rire.

- Olala, murmura-t-il, foutu vertige..

- Visez-moi un peu ces muscles ! 

Il exécuta un impressionnant salto arrière.

Je fis signe à Enza de s'éloigner du reste de la bande, puis on s'assit sur le rebord de la "piscine naturelle".

- Qu'est-ce qu'il y a ? s'inquiéta Enza.
- Me suis faite engueulée par mon père tout à l'heure.
- Ca m'étonne pas trop, je t'avais dis de leur envoyer un message.
- C'est ce que je voulais faire mais j'ai oublié.
- Faut dire que t'avais l'air plutôt occupée avec blondinet.
- Ouais.. Justement, c'est de ça qu'il faut que j'te parle.
- On t'a vu te frotter à lui et devant tout le monde.
- Oui mais c'est pas tout, tu te souviens qu'à un moment, on est monté à l'étage lui et moi ?
- Possible..
- Je l'ai attiré dans un placard. Le placard où t'avais emmené Freddy Gray

- Attends, vous avez ?

- Pas exactement..

- Il a eu une panne ! s'étonna-t-elle fortement.

- Chuuuut ! 

Evidemment, on ne put s'empêcher d'éclater de rire.

- C'est un mal pour un bien, dis-je d'un air soulagé.
- Pourquoi ?
- Parce que je ressens rien pour lui, c'était une erreur. Je vais devoir lui dire.
- Oh, dommage. Mais bon courage.
- Attends, c'est pas tout, en rentrant je suis passée au café près de chez nous. Devine sur qui je suis tombée.
- J'en sais rien.
- Il est beau, il est brun et pas si terrifiant que ça.
- Hein ?
- Et son nom rime avec.. Vilaine.

- T'es pas sérieuse ? 
- Si.
- Je vois, c'est le gars qu'on avait dit que tu regarderais pas, ce même gars qu'on est censé détester !
- Mais il est pas si méchant. Il a l'air d'être quelqu'un de bien.

- Non, le jeune homme qui est juste LA, c'est quelqu'un de bien !

- Sauf que le jeune homme qui est juste LA, ne m'attire pas !

- Quoi ? Parce qu'il a eu un petit problème dans son pantalon ?! Ca arrive !

- Bien sûr que non ! Je suis pas comme ça !

- Pourtant il avait l'air de t'attirer quand tu lui as collé ta langue dans sa bouche !
- J'ai fait une erreur !
- T'as l'air d'en faire beaucoup des erreurs en ce moment, et Daïna, celle que tu t'apprêtes à faire, c'est la pire de toutes.
- Je vais juste lui dire clairement les choses, pour pas qu'il se fasse de faux espoirs.
- J'te parlais pas de lui.

- Je gère, t'en fais pas. Merci d'être là pour moi.
- C'est normal.
On finit par se sourire. Je savais qu'elle veillerait toujours sur moi, mais cette fois, ce serait difficile de lui faire comprendre mon point de vue.

Puis on termina la journée autour d'un feu. Le genre de journée parfaite, tranquille, amusante. Et un coucher de soleil fantastique.

La suite serait moins drôle, malgré la bonne humeur du jour, j'avais quelque chose de pénible à faire.
Je demandai à Ricky de s'éclipser avec moi.
- Je suis content de te voir aujourd'hui, lança-t-il d'un air ravi.
- Oui, c'est cool, écoute faut que j'te parle d'hier soir.
- Je pense savoir ce que tu veux me dire.
- Vraiment ?
- Oui, c'était génial et tu veux qu'on officialise notre couple. C'est ça ?
J'en restai sans voix. Mal à l'aise et peinée de devoir le faire souffrir.
- Non, Ricky, au contraire. Oui c'était génial mais je me suis rendue compte que j'étais mieux avec toi entant qu'amie. Tu vois où je veux en venir ?

- Pas bien, non.

- Grrrr Ricky, s'il te plaît, fais un effort. Je t'apprécie beaucoup, mais je préfère pas gâcher notre amitié pour quelque chose qui ne durera peut-être pas.
Je cherchais toutes les meilleures façons de rompre que j'avais entendu dans les films. Celle-ci fonctionnait presque à chaque fois.

- D'accord, répondit-il à ma grand surprise, je comprends, t'as besoin de plus de temps. C'est normal. Tu changeras peut-être d'avis.

Tant de naïveté me surprenait, mais je pouvais enfin souffler, il prenait la nouvelle incroyablement bien.
- Super ! lançai-je, alors amis ?
- Bien sûr.

Puis il s'éloigna. Il me faisait de la peine mais c'était plus honnête de ma part de mettre les points sur les i.
Je l'aimais bien en plus, je voulais vraiment le garder comme ami.

La petite bande se sépara, seuls les bras cassés restèrent près du feu à rêvasser.
Je me sentais si bien, entourée par mes deux meilleurs amis, allongée sur le sol.. Un calme apaisant régnait en ce lieu, seul les craquements du feu brisaient ce silence. Je me sentais bien dans ma tête et bien dans ma peau, ce qui était plutôt rare. Je ne savais pas à quoi je le devais mais je priais pour que ça dure.

Je passai mon dimanche à la maison, à traîner sur internet et discuter par ci par là.

Ma mère tentait de me cuisiner sur ce qui s'était passé pendant ma soirée et sur qui était celui qui m'avait ramené, mais sans résultat.

Avec mon père, c'était toujours le froid intersidéral. Aussi têtu l'un que l'autre, je n'allais sûrement pas m'excuser et lui non plus.

Une chose était sûre, j'avais hâte d'être demain !

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