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Episode 16 : Mise au point

- Trop bien les photos, Daïna ! 

- Y en a qui ont assuré niveau costume.

- C'est vrai qu'on s'est encore plus éclaté que l'année dernière.

Ce qui m'éclatait moins aujourd'hui, c'était de voir mes deux meilleurs amis chacun de leur côté. Cette situation empirait et il fallait absolument faire quelque chose, j'allais devoir mettre mon grain de sel.

Soudain, le directeur apparût dans cette salle où il ne mettait jamais les pieds.
- Monsieur Ledger, c'est très agréable de vous voir habillé aujourd'hui, votre petit caleçon à coeurs a marqué les esprits.
- Il fait toujours un effet monstre.

Lorsque la voix de Valdenn retentit, tout le monde plongea son nez dans un bouquin.

- Mademoiselle Elevane, me salua-t-il.
- Monsieur Valdenn.
- Je peux vous voir dans le couloir une minute ?

- Hmm pas de problème.

Je me traînais avec réticence jusqu'au couloir où il m'attendait. Je constatais qu'il n'allait pas lâcher l'affaire et j'appréhendais ce qu'il comptait me dire.

- Vous êtes tenace, lançai-je.
- Je vous arrête tout de suite, c'est moi qui parle et vous m'écoutez. 

- Vous pouvez me repousser et m'envoyer balader autant que vous voulez, mais vous ne m'enlèverez pas de l'esprit qu'il faut absolument qu'on parle. 

- Vous êtes sûr que c'est nécessaire ?

- J'en suis sûr, c'est une situation délicate qu'il faut..
- Chuut ! murmurai-je en lui faisant signe que quelqu'un arrivait.

- Et donc je pense changer la couleur des murs, enchaîna-t-il style de rien, qu'en pensez-vous ?
- Oui trop de vert tue le vert, vous avez raison.

- Bravo, ricanai-je, c'était très naturel !

- Oui, répondit-il en riant nerveusement, c'était une catastrophe, je ferais un très mauvais James Bond.

- Vous voyez c'est ça que je ne comprends pas bien, dis-je, votre côté chaud et froid, c'est dur à gérer, et je suis pas sûre de vouloir le faire.

- Je comprends, je n'arrive pas à le gérer moi même. Je ne sais pas comment me comporter avec vous. Ce n'est pas dans mon habitude de faire ce genre de chose. Je ne sais pas ce que je ressens mais je sais que vous ressentez la même chose.

- Qu'est-ce que vous avez en tête ? J'arrive pas à..

- Je n'arrête pas de penser à ce qui s'est passé, dit-il à voix basse.
C'était la première fois que son regard me semblait aussi tendre, j'étais totalement envoutée.

- Ne me dites pas que vous n'y pensez pas ?
J'étais incapable de lui répondre.

Je restais immobile, luttant contre mes pulsions et désarmée face à ce regard émeraude.

- Ricky, faut que j'te parle. Je crois avoir vu un truc mais je suis pas sûre. 
- Dis-moi.

- Monsieur Valdenn, vous savez que c'est pas bien tout ça, on peut pas.

- J'en suis conscient mais vous êtes adulte à présent et je pense qu'on peut essayer de trouver une solution ensemble..


Je n'écoutai pas la suite de sa phrase, une idée machiavélique me traversa l'esprit, une revanche sadique et méritée que je ne pouvais pas laisser passer.

- Et par conséquent je pense que nous..
- Pourquoi vous dites que je suis adulte ? demandai-je.
Une question qui le stoppa dans son monologue.

- Et bien.. Votre ami m'a dit que vous aviez fêté vos 18 ans le weekend dernier. Donc techniquement..

- Enza.. a fêté ses 18 ans, c'était son anniversaire qu'on a fait le weekend dernier.

- Quoi ?
L'envie d'éclater de rire me dévorait, c'était un pur plaisir de le voir dans cet état.
- Vous... Quoi ??!

Par chance, le couloir se remplit d'un coup, cette étrange conversation allait enfin se terminer.

Puis, je m'installai sur un banc, toute seule. Réfléchissant à tout ce qui se passait en ce moment autour de moi, les choses prenaient une drôle de tournure. Valdenn, Enza, Aïko, et même Ricky dont je m'étais inconsciemment servie. J'avais beaucoup de mal à reconnaître ma vie ces derniers temps, les choses changeaient sans que je le veuille, et je ne pouvais rien y faire.

- Je peux me joindre à ta déprime ?

Enza prit place à côté de moi.
- Est-ce que tu vas me dire ce qui se passe ?
- Je sais pas bien quoi te répondre. Je suis même pas certaine de savoir ce qui cloche.
- Y aurait pas un rapport avec votre discussion privée, Valdenn et toi ?

- Je vois pas de quoi tu parles..
- Bien sûr. Comme d'hab. En tout cas, si un jour tu vois de quoi je parles, tu pourras compter sur moi. Tu sais que tu peux tout me dire.

- Y a bien quelque chose qui me plombe le moral, c'est vrai.
- C'est quoi ?
- C'est toi et Aïko. Vous comptez vous faire la gueule encore combien de temps ?
- J'arrêterai d'être énervée contre lui le jour où il arrêtera de me faire des reproches. 
- Il est inquiet pour toi, et moi aussi. C'est normal, on sait rien de Star Wars, tu ferais exactement la même chose pour nous.
- Faites-moi confiance, je sais ce que je fais.

- Personne ne doit nous séparer. 

- Bien sûr que non voyons, c'est du boudage temporaire, ça va aller. T'en fais pas.
- D'accord.

Je décidai de prendre sur moi et on retourna en cours.

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