Episode 13 : Suspicion
Le lendemain, une étrange atmosphère avait envahi le lycée depuis que la nouvelle concernant Ricky circulait.
- Si je trouve celui qui a fait ça, ronchonna Jamy, je le brise en deux !
- Qui a pu faire ça ?! Je comprends pas.. Qui pouvait lui en vouloir ?
- J'en sais rien moi..
- Je l'ai frappé moi, dit Aïko.
- C'est vrai ? s'étonna Shaylee.
- Pour défendre Daïna, répondit Jamy en se relevant, c'est différent.
- Vous êtes allés le voir à l'hôpital ? demandai-je.
- Oui, il va bien. Mais il faut du temps pour qu'il s'en remette, il a morflé.
- Y a qu'un malade pour s'en prendre au premier venu comme ça ! s'énerva Jamy.
- C'est vrai, ajouta Enza, il est un peu chiant et parfois stupide, mais Ricky est un bon gars.
- Je suis écoeuré !
J'entendais leurs voix retentirent de plus en plus loin, je me perdais dans mes pensées. Je culpabilisais de ce qui s'était passé dimanche, j'aurais dû essayer de calmer le jeu. Si quelque chose de plus grave lui était arrivé, je ne me le serais jamais pardonné.
Fatiguée de les entendre, je me levai.
- Où tu vas ? demanda Aïko.
- A la bibliothèque, on se voit tout à l'heure.
Depuis l'extérieur, j'entendais parler très fort.
- Je vois pas du tout de quoi vous voulez parler, dit la prof, c'est pas la peine de vous énerver.
- Arrêtez de me prendre pour un con ! Je sais ce que vous avez fait ! Recommencez et je vous le ferai regretter personnellement !
Sa colère faisait presque trembler les murs. La prof préféra déguerpir sur le champ, puis Helias se tourna vers moi.
- Quoi ?!
- Rien, j'ai rien dit.
Je baissai les yeux et continuai mon chemin.
- Ça y est ? demanda Enza, t'es calmé ?
- Désolé, cette histoire me met hors de moi..
- Je sais, mais dis-toi qu'il va bien. Aller, viens, faut aller en cours.
- T'as pas l'air dans ton assiette, s'inquiéta Aïko.
- Je suis un peu bouleversée à cause de tout ça.
- T'en fais pas, je suis là pour te protéger !
- Me voilà rassurée !
Après toute une journée à m'être torturée l'esprit, je décidai d'y aller au culot.
Je me rendis chez Helias avec la ferme intention d'avoir des réponses.
- Hey, on peut parler ?
- Viens, assieds-toi.
- Je peux savoir pourquoi t'as hurlé comme ça tout à l'heure ?
- Je sais ce qu'elle t'a fait pendant mon absence ! C'est inadmissible !
- Mais de quoi tu parles ?
- Des réflexions, des moqueries, venant de la part d'un professeur, je ne le tolère pas !
- Ça remonte, y a prescription.
Son téléphone sonnait mais il n'avait pas l'air de vouloir répondre.
- Je trouve que tu as assez souffert de tout ça, enchaina-t-il, alors à partir de maintenant, c'est tolérance zéro. Ils vont marcher droit.
- Ton téléphone arrête pas de sonner, tu regardes pas ?
- Plus tard, c'est pas important. Tu comprends tout ce que je te dis ?
- Oui.
- Qu'est-ce que t'as en ce moment ? T'es pas comme d'habitude.
- Je suis fatiguée.
- T'es distante.
- Ricky avait raison.
- Il avait raison ? Sur quoi ?
- J'ai coupé les ponts avec beaucoup de personnes. J'essaie de réparer ça, alors je suis désolée de moins te consacrer de temps..
- Ricky est un crétin qui s'évertue à nous pourrir la vie ! Et qui t'a menacé..
- C'est pour ça que tu l'as frappé ?
- Tu penses que c'est moi ?
- Prouve-moi le contraire.
- Je n'ai jamais frappé un gamin de toute ma vie. Tu dois me croire.
- Tu me le jures ?
- Je te le jure ! J'arrive pas à croire que tu te laisses manipuler par les autres !
- Je ne me fais manipuler par personne !
- Bien sûr que si ! Il y a quelques semaines en arrière, t'aurais pas douté de moi une seule seconde ! Tu ne me feras pas croire que tes p'tits amis n'y sont pas pour quelque chose..
- Mais t'es parano !
- Arrête de te foutre de moi !!
Je dois avouer que je ne faisais pas la fière, la veine de son cou avait triplé de volume et son regard devenait de plus en plus sombre.
Il avait, sans aucun doute, un problème de maîtrise de la colère.
- Ça suffit, si t'es là pour m'accuser, tu peux t'en aller.
- Attends, calme-toi..
- Je m'absente une minute, à mon retour, je veux que tu sois dehors.
Son téléphone sonna une nouvelle fois. La curiosité me dévorait, alors j'attendis qu'il quitte la pièce, je me levai pour m'assurer de son absence et j'attrapai son téléphone.
Je m'aperçus qu'il avait reçu quelques messages venant d'un certain Harvey. Je fouillai aussitôt.
J'avais à peine entendu la chasse d'eau des toilettes, que je sentis les bras d'Helias m'entourer.
- Excuse-moi, soupira-t-il.
La surprise me fit lâcher le téléphone.
- Hey, chuchota-t-il, je suis vraiment désolé. Je devrais pas m'emporter comme ça avec toi.
- Je n'ai rien fait à ton ami, je te le promets.
Tout mon être me criait de foutre le camp le plus vite possible.
- Je dois y aller.. répondis-je.
