Episode 15 : La chute
Quelques jours passèrent, les pires quelques jours de toute ma vie.
Ce n'était pas juste un petit chagrin d'amour, c'était une chute libre sans parachute.
Mon coeur n'avait pas juste un peu mal, c'était une douleur insupportable qui me donnait l'impression que quelqu'un avait transpercé ma poitrine pour serrer mon coeur de toutes ses forces.
Je me sentais incapable d'arrêter mes larmes de couler, j'allais bientôt me dessécher.
Et le manque.. Mon dieu, le manque. Le manque de sa présence, de sa peau, de son regard, de son sourire. Le manque de lui, tout simplement.
- T'as des nouvelles de Daïna ? demanda Aïko.
- Non, elle décroche toujours pas.
- Je commence sérieusement à m'inquiéter, ça fait des jours qu'elle vient plus en cours.
- Et l'autre qui se balade dans l'établissement comme si de rien n'était.. Parlons d'autre chose, parce que je vais péter un plomb.
- On passera chez elle tout à l'heure.
- Oui.
J'avais l'impression que personne au monde ne pouvait comprendre ce que je ressentais.
Alors j'écoutais les musiques les plus déprimantes de ma playlist, encore et encore..
Un vide gigantesque m'envahissait et personne ne pouvait le remplir. J'attendais qu'une seule chose, recevoir un message, un appel de lui.
- Est-ce qu'elle va bien ? s'inquiéta Aïko.
- Pas vraiment, répondit ma mère, elle refuse de parler, elle mange à peine. Et à part écouter du Sarah McLachlan en pleurant toutes les larmes de son corps, elle fait pas grand chose.
- Qu'est-ce qu'on peut faire ?
- Je crois que personne ne peut la réconforter pour l'instant, ajouta mon père, faut lui laisser du temps.
- Rentrez chez vous, elle reviendra vers vous quand ce sera le moment.
- D'accord, acquiesça Jamy, si y a quelque chose, appelez-nous.
- Merci.
- Il faut qu'on fasse quelque chose ! lança Aïko.
- Pourquoi tu lui as pas cassé la gueule l'autre soir ? demanda Jamy.
- Elle m'en aurait empêché.
- Pourquoi vous avez pas contacté quelqu'un ? intervint Shaylee, comme un directeur académique par exemple ?
- Parce que déjà, répondit Enza, avant l'autre soir, tout allait bien pour Daïna, elle nous en aurait voulu d'avoir fait ça.
- Et deuxièmement, ajouta Aïko, ça doit pas être facile de contacter quelqu'un comme ça.
- Ma mère connait un inspecteur académique, je peux lui en parler.
- Tu peux toujours essayer, dit Enza, moi en tout cas, demain je vais avoir une petite conversation avec lui.
*TOC TOC TOC*
- Entrez.
- Je peux vous parler ? demanda-t-elle.
- Mhm mhm.. Asseyez-vous.
- Qu'est-ce que je peux faire pour vous ?
- Commencez par lever le nez de votre bouquin peut-être ?
Il releva la tête et soupira.
- Je vous écoute, j'ai pas toute la journée.
- Je suis au courant de ce qui se passe entre vous et Daïna.
- Le contraire m'aurait étonné.
- Votre séparation est la meilleure chose qui pouvait arriver. Elle est très mal mais je sais que ça passera, sauf si vous comptez rôder autour d'elle. Alors je vous préviens tout de suite, vous gardez vos distances et vous lui foutez la paix !
- Sinon quoi ?
- J'ai des relations !
- J'en doute pas, vous êtes tout à fait charmante.
L'énervement ne faisait que grandir en elle.
- Ce que je voulais dire, c'est que j'ai les moyens de vous faire virer ! J'ai qu'un coup de fil à passer. Vous devriez me prendre au sérieux.
- Parfait, allez-y. J'ai, également, qu'un coup de fil à passer pour vous pourrir la vie. Mais je vous laisse commencer.
- Encore des menaces ? Ça devient une habitude.
- Vous n'avez pas l'air de comprendre à qui vous parlez, enchaina-t-il, vous faites face à un mur. Rien ne peut m'atteindre et dites-vous bien que je ferai ce que je veux avec qui je veux, que ça vous plaise ou non.
- Ouais.. répondit-elle avec un sourire forcé, en somme, y a pas moyen de vous faire plier. C'est ce qu'on verra.
- Je vous déconseille fortement, mademoiselle Weaver, de jouer au c** avec moi, vous perdrez. C'est certain.
- Vous pouvez disposer.
- Enza ! s'exclama la prof, vous devriez être en cours !
- Ah c'est pas l'moment de m'gonfler, le Joker !
*Musique : Vonda Shepard - Chances are