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Episode 21 : Le plan (partie 1)

Me réveiller dans son lit n'était pas arrivé depuis un long moment, et je ne savais pas bien ce que je ressentais, j'étais partagée entre le dégout de moi-même et une certaine nostalgie qui s'obstinait à ne pas vouloir me quitter.

Est-ce que j'allais garder la situation en main ? Il le fallait absolument.

Je rejoignis Valdenn dans son salon aussi glacial que son coeur.

- C'est pas un peu tôt pour les cocktails ? demandai-je.

- Tu vas au lycée aujourd'hui ? ajoutai-je.
- Bien sûr.
- Y aura pas grand monde, c'est la fin, les profs ont arrêté de faire cours.

- Je suis le directeur, c'est mon rôle d'être présent jusqu'au dernier jour.
Je me sentais presque gênée d'être là, un gros malaise planait dans la pièce. Il ne dégageait aucune chaleur, aucune attention envers moi, c'était très bizarre. Je savais que ça ne pouvait pas redevenir comme avant mais à ce point là..

- Bon ben je vais rentrer chez moi me changer, on se voit au lycée.
- D'accord.
- A tout à l'heure.

Ces dernières journées étaient toujours mes préférées, on passait tout notre temps à traîner et discuter.
Mais aujourd'hui, le bâtiment était bien plus vide que d'habitude, et sans mes bras cassés, c'était loin d'être aussi cool.

- Salut toi.

- Daïna.. dit-il d'un air surpris, qu'est-ce que tu fais ?

- J'avais besoin de te voir.
- Est-ce que ça va ?
- Je me sens un peu seule. Et ce matin, j'ai pas eu de bisous.
- C'est vrai.
- Je t'ai connu plus tendre.

- T'as tout à fait raison, c'est impardonnable, laisse-moi y remédier.

J'avais un peu honte de l'avouer mais le Valdenn fougueux parvenait encore à me procurer quelques frissons.

- T'es pas bien à cause de Tic et Tac qui refusent de te parler ? s'inquiéta-t-il.
- Non, je commence à en avoir marre d'eux. S'ils comprennent pas que j'ai besoin de toi, j'y peux rien.
- Alors qu'est-ce qui va pas ? Je te sens bizarre.
- Je te sens bizarre aussi, je te trouve distant. J'ai l'impression que tu regrettes. 

- Tu doutes de moi ? demanda-t-il.
- J'ai du mal à te cerner, c'est tout.

- Après tout ce qui s'est passé.. ajoutai-je.
- Qu'est-ce qui s'est passé ?
- Ce que t'as fait à Jenny Solendria, tu m'avais menti quand on était ensemble, et savoir maintenant que tout était vrai, c'est déroutant.
Je le sentis soudainement perturbé.
- J'aurais aimé que tu sois honnête avec moi dès le début.
- De quoi tu parles ?

- Tu m'as avoué toi-même que toute cette histoire était vraie, non ? 

- Je comprends pas ce que tu dis.

- Si tu veux pas en parler, c'est pas grave.
- Tout ce qui compte c'est le présent.
- Oui. C'est toi et moi.

- Tu m'as trop manqué, chuchotai-je.

- Je te laisse, dis-je, je vais rentrer, je m'ennuie sans personne ici.
- Attends une seconde, répondit-il en me retenant.
- Quoi ?

- Viens par là.
- Qu'est-ce qu'il y a ?
- Tu me prends vraiment pour un idiot.. 
- Hein ?
- Ça a failli marcher. Donne-moi ton téléphone.
- Quoi ? Non, pourquoi ?

- Donne-moi ce putain de téléphone !!
- Lâche-moi ! Mais t'es malade ! Qu'est-ce qui te prend ?!
- Fais ce que je te dis avant que ça se termine mal !

Sachant le déséquilibre mental du garçon, je finis par sortir mon téléphone.
- Alors.. soupira-t-il, montre-moi ça.
- Qu'est-ce que tu veux ?
- Arrête un peu ton cirque. C'est quoi ça ?

- Quoi ? Ça ? Je sais pas.
- Mais si tu sais. C'est un enregistreur vocal, sale garce ! Tu pensais vraiment que ça allait marcher avec moi ?
Il arrêta et supprima l'enregistrement.

- Quand vas-tu comprendre que j'aurai toujours une longueur d'avance sur toi ? Tu crois que je t'ai pas vu venir hier ? A te jeter dans mon lit comme ça, bien sûr que je savais. 
- Pourquoi t'as rien dit ?
- Pour profiter de toi une dernière fois.
- Mais t'es vraiment un connard !
- Alors que ton comportement est exemplaire. T'offrir à moi pour le bien d'un plan à deux balles, c'est tellement élégant. T'as pas idée de ce que je vais te faire subir maintenant. Jenny, c'était rien à côté, c'était un amuse-gueule. Toi tu vas morfler comme jamais.
- Laisse-moi tranquille.
- Tu vas commencer par rentrer chez moi et m'attendre bien gentiment, si tu veux pas que toute la ville soit au courant de tes actes plus que discutables. Je me demande ce que tes parents penseraient de leur petite fille devenue une salope.
- Arrête..

Je me libérai et m'en allai sans plus attendre.
- A ce soir, mon coeur. 

- Hey. Dites-moi que vous l'avez ?

- On l'a, répondit Enza.
- Ça va chier pour sa gueule ! cria Ricky.
- On a le son et l'image, dit Aïko.

- Il est fait comme un rat. T'as eu du courage.

- On sautera de joie plus tard, c'est pas terminé. T'as eu Jamy ?

- Oui, ils sont arrivés. Ça devrait bien se passer.

- J'ai la trouille, dit Shaylee.
- T'inquiète, ça va aller.

- Et si je foire ?
- Tu vas y arriver, détends-toi.
- J'ai pas l'habitude de faire ça.
- Tu crois que c'est mon quotidien ? 

- Ils sont là.

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