Episode 16 : L'imprévu
- Comment ça vous vous êtes introduits dans le bureau du dirlo ?? m'étonnai-je.
- C'était le seul moyen, répondit Jayk.
- Ils sont devenus aussi barj' que nous ! sourit Enza.
- C'est clair !
- C'est là bas que se trouvent tous nos dossiers, on n'avait pas le choix.
- Harmony a découvert quelque chose, ajouta Jenny, elle nous a montré quelques photos de tous ceux que vous trouvez suspects. Ils ont tous quelque chose en commun.
- Je vous envoie ça, dit Jayk.
- J'ai reçu un message du lieutenant, lâcha Aïko, il aimerait nous voir après, Enza.
- Vous voyez ou pas ?
- Je vois rien, lança Enza.
- Regarde mieux.
- Regarder quoi ?
- Ils portent tous la même bague.
- J'ai pas souvenir d'avoir vu Tyler avec cette bague.
- C'est ce que je disais, répondit Jenny.
- Et ça voudrait dire quoi ? Ils font tous partie d'un même clan et Tyler n'y est pas ? Il est pourtant avec eux.
- J'en sais rien.
- Aïko, dit Jayk, j'ai une mission pour toi.
- Je suis toujours partant pour des missions, qu'est-ce que c'est ?
- Tu dois t'infiltrer dans les dossiers informatiques de l'université.
- Yes ! s'enthousiasma Aïko.
- Tu penses y arriver ?
- Quelle question.. Tu parles à quelqu'un qui a piraté le système informatique de la police de Windenburg.
- Y a vraiment quelque chose qui tourne pas rond chez vous, lança Jenny.
- C'est pas un scoop, répondit Enza.
- Alors, dit Adam, prête pour ce soir ?
- Ce soir ? Pourquoi ? Y a quoi ?
- Y a "L'automna".
- J'entends beaucoup de monde en parler depuis quelques jours mais j'ai toujours pas compris ce que c'était.
- C'est une soirée qu'on organise en bas, au sous-sol pour célébrer l'automne.
- Ah ok, et c'est la seule excuse que vous avez trouvé pour faire la fête ? Remarque, on était comme ça aussi à Oasis Springs.
- C'est l'occasion de bien s'habiller, j'espère te voir dans une belle petite robe.
- Je sortirai ma belle petite robe si tu sors ton beau petit costard. On a rien sans rien.
- Hmmm.. D'accord. Mais je te préviens, me voir en costume, tu vas tomber raide dingue amoureuse.
- Parce que tu crois qu'en me voyant moi, tu vas t'en remettre ?
- Je prends le risque.
- Alors c'est ici qu'ils se réunissent ? Chouette endroit.
- Yep, le repère du pirate. Détendez-vous, lieutenant, prenez un peu le soleil.
- Je me détendrai quand je les verrai. J'aime pas les savoir sans escorte.
- Hey ! salua Aïko.
- Ah ! lâcha le lieutenant d'un air soulagé, vous voilà.
- C'est bon ? demanda Harvey, ça va mieux ?
- Vous allez bien ? demanda le lieutenant.
- Oui ça va, répondit Enza, et vous ?
- Oui, je viens aux nouvelles, je suis plus sur votre dos toute la journée.
- On a Harvey pour ça, lança Aïko.
- Pas de signe de vie du maire ?
- Non, c'est plutôt calme en ce moment.
- Tant mieux. Tout ça va peut-être se terminer.
- Espérons.
Enza s'installa avec aise sur le hamac où Harvey se trouvait.
- Comment ça va, toi ? s'inquiéta Harvey.
- Je vais bien.
- T'as bonne mine.
- J'ai bien dormi.
- C'est plutôt une bonne nouvelle.
- Oui.
- Tu vas plus avoir besoin de moi alors ?
- Bonne ou mauvaise nouvelle ?
- Je sais pas, à toi de me dire.
- Mes messages en pleine nuit vont te manquer, avoue.
- Peut-être. Peut-être pas.
- Gibson, interpella le lieutenant.
- Hmm ?
- Je peux vous parler ?
Après l'avoir amené à l'écart, le lieutenant se lâcha.
- Qu'est-ce que c'est que ce cirque ?!
- Quoi ?
- Votre boulot c'est de les surveiller et de les protéger ! Pas de copiner avec eux et encore moins de vous permettre autant de familiarité ! Restez à votre place !
- Qu'est-ce qui vous prend ? Vous avez craqué votre slip ? Nan mais ça va pas de me parler comme ça.
- Je vous préviens que vous avez pas..
- Vous me prévenez de rien du tout, j'ai aucun compte à vous rendre. Est-ce que vous étiez là pour eux quand ils étaient au fond du trou ? Il me semble pas vous avoir vu bien souvent.
- J'ai aucune confiance en vous, Gibson, vous êtes une crapule.
- Une crapule ?
- Je sais ce que vous faisiez quand vous étiez prof au lycée de Windenburg, avec Valdenn comme directeur. Vous pensiez être les rois du monde, toutes ces jeunes étudiantes, le harcèlement, l'intimidation. Enza est fragile, elle n'a pas besoin de quelqu'un comme vous à ses côtés.
- C'est à elle d'en décider, pas à moi et encore moins à vous.
- Je ne vous laisserai pas faire.
- C'est quoi ce bordel ?! s'emporta Aïko.
- Quel bordel ?
- Avec l'autre ! Les câlins, les sourires, la complicité ! Vous partagez le même hamac maintenant ?!
- Depuis qu'on est dans la même chambre, toi et moi, on parle beaucoup. Mais avant ça, il était le seul à qui je me confiais. Et ça m'a fait du bien.
- Oui, ça je comprends, mais ça reste un gars au passé douteux. Je sais pas si c'est une personne de confiance.
- Tout ce qui compte, c'est qu'il est là pour nous maintenant. On a besoin de lui.
Soudain, Aïko se sentit gêné, il voulait lui poser des questions mais ne savait pas comment s'y prendre.
- Qu'est-ce qu'il y a ?
- Bah.. Je voulais.. Enfin.. Est-ce qu'entre vous.. Tu vois ?
- Je comprends pas.
- Est-ce qu'il se passe un truc entre vous ou.. ?
- Mais non, rigola-t-elle, il se passe rien.
- Tu peux me le dire si c'est le cas. Ce serait pas terrible, il est un peu plus âgé que toi et beaucoup trop instable mais bon.
- Tu serais pas un peu jaloux ?
- Jaloux ? C'est une vraie question ?
- Ouais.
- Pas du tout, je trouve juste ça un peu déplacé.
- Hmm. T'inquiète, y a rien.
A la tombée de la nuit, "L'automna" débuta, et tout le monde secoua ses p'tites fesses sur le dancefloor.
- Et bah alors inspecteur ! lança Gart, vous servez de l'alcool aux étudiants maintenant ?
- Vous êtes tous majeurs et vaccinés, dit Harvey.
- La seule façon pour moi de pouvoir contrôler tous vos verres, c'est de les servir moi-même.
Enza sentit soudainement que quelqu'un la saisit par la taille et se colla contre elle.
Son regard s'émerveilla lorsqu'elle constata qu'il s'agissait de celui qu'elle espérait.
Elle se rendit compte à ce moment là de l'importance qu'il avait pris dans sa vie. En sa présence, les choses lui semblaient plus simples, son corps tout entier était détendu et son esprit plus libre que jamais.
Le sentir aussi proche d'elle, sentir sa main en bas de son dos, et son souffle effleurer son épaule. Une petite vague de chaleur parcourait tout son être, tandis que son coeur avait tendance à s'emballer tout seul.
Alors que je traversais la piste de danse, je fus surprise de croiser Enza en train de s'éclater dans les bras du gars qu'on avait tant détesté, le gars qui avait tabassé notre Ricky.
Je restai plantée là quelques secondes, me posant beaucoup de questions, puis je me souvins que celui qui avait donné l'ordre, c'était l'homme dont j'étais tombée amoureuse.
Alors même si ce spectacle ne me plaisait pas, j'étais très mal placé pour dire quoique ce soit. Surtout que s'ils étaient devenus aussi proches sans que je m'en aperçoive, c'est que j'avais dû louper un épisode, un paquet d'épisodes.
Je comptais bien rattraper tout mon retard et retrouver ma meilleure amie.
- Ça va ? demanda Harvey à voix basse.
- Oui.
- Tu sais que je vais me faire un peu plus discret maintenant.
- Pourquoi ?
- Ça fait un moment que Kolynn vous a foutu la paix, je crois pas que vous risquiez quoique ce soit à présent.
- Mais t'as dit que tu serais là pour nous.
- C'est le cas, mais vous allez mieux, tu me l'as dit tout à l'heure.
- Oui mais..
- Vous devez reprendre une vie normale, sans garde du corps.
- Et si je voulais t'engager à vie ?
- C'est une proposition assez intéressante je dois avouer.
- Qu'est-ce que les autres vont penser de tout ça ?
- Depuis quand Harvey Gibson se préoccupe de ce que pensent les autres ?
- Depuis que ça te concerne toi. Le premier qui dit quelque chose, je le..
- Tu le rien du tout, arrête ça, sois toi-même. Promis, je dirai à personne qu'Harvey Gibson est devenu quelqu'un de bien.
Le même numéro inconnu que la première fois me contacta et mon coeur s'emporta à tel point que je me demandai s'il n'allait pas sortir de ma poitrine.
Je savais que c'était lui, je le sentais, j'en avais des frissons sur tout le corps.
Je n'avais pas répondu la première fois, mais la question ne se posa même pas, j'avais la ferme intention de le rejoindre, j'avais besoin de le voir autant qu'il en avait besoin lui.
Je ne perdis pas une seconde de plus à réfléchir.
Plus je me rapprochais de l'adresse qu'il m'avait envoyée, plus le stress et l'excitation me gagnaient. Après des mois d'absence, j'avais tellement hâte de revoir son visage, mon coeur tapait si fort.
- J'ai reçu ton message, dit Tyler, tu voulais me voir ?
Une voix masculine murmura à mon oreille :
- "Une belle petite poire
Sur un arbre fruitier
S'accroche dans l'espoir
De ne pas s'écraser.
C'est alors que souffle le vent
Aussi glacial que violent
Troublant sa paisible existence
Une branche craque, surgit la potence."
*Musiques : Irene Cara - What a feeling (Instrumental version)
Arctic Monkeys - Do I wanna know (Instrumental version)